Les ailes de la liberté (libre)

Le soleil venait tout juste de se lever. Ses rayons dorés se déployèrent doucement sur la cime des arbres de la Forêt des Millénaires alors que sous les branches, la nature dormait encore dans l’obscurité de la nuit. L’astre du jour s’éleva paresseusement dans le ciel pour réveiller le monde d’en bas de sa lumière bienfaisante. Mais lorsque celle-ci pénétra l’intérieur des bois dormants, le calme régnait toujours alors qu’on aurait déjà dû entendre les premiers chants matinaux de la nature. Aucun oiseau chantait, pas un arbre ne murmurait, même pas le moindre animal dans les parages. Il faisait tout à fait calme, non pas un calme apaisant mais plutôt dérangeant. La forêt elle-même semblait dépourvue de toute vie.
Un mal ancien avait fait son apparition dans la Forêt des Millénaires.

Le renégat était sorti de sa prison de pierre. Cependant, même après avoir dormi pendant près de deux millénaires, il manquait d’énergie. Complètement désorienté, le dragon n’alla pas très loin. Après avoir quitté le champ de bataille près du Barrage des Anouatis en toute hâte, il vola pendant une heure, longue et pénible, avant d’aller s’écraser au beau milieu de la Forêt des Millénaires, à bout de force. Le bruit sourd de sa chute se répercuta dans une bonne partie des bois. Au sol, des tas de branchage arrachés, parfois de jeunes arbres, de la terres soulevée et une longue trainée laissée par le passage du dragon. Le monstre du passé se releva péniblement puis se traina vers un amas de buissons avant de s’étaler de tout son long à côté de ceux-ci. Avec les siècles passé dans cette caverne, de la végétation avait poussé sur l’ensemble de ses écailles grisâtres, principalement de la mousse, et dans ce milieu forestier, il ressemblait à un amas de rocher, certes de forme assez bizarre et particulière, mais au moins, on pouvait le prendre comme une énorme pierre inoffensive, s’il ne bougeait pas en tout cas. De toute façon, Zaleth ne comptait plus se déplacer avant un petit moment, trop exténué pour continuer. Il en profita pour observer les lieux sans trop de se mouvoir pour ne pas attirer l’attention sur lui, il était bien trop faible pour se défendre ce qui les fit enragé intérieurement, lui qui d’antan était si puissant. Quant à l’endroit où il avait attiré, il ne reconnaissait plus rien. La forêt lui semblait inconnue comme s’il n’y était jamais venu. Pourtant, lui qui avait vécu plus de deux cents ans et qui avait parcouru ces mondes pendant de longues années, il devait reconnaitre les environs. Mais là, il ne parvenait pas à s’y retrouver. Il avait l’impression d’être dans un autre univers, qu’il n’était plus sur Shibai. Cependant, lorsqu’il était sorti de son tombeau, il avait bien reconnu le Barrage des Anouatis, donc il en conclut qu’il était toujours dans son monde d’origine.
Trop exténué pour réfléchir davantage à sa situation, Zaleth ferma les yeux dans un soupire de fatigue avant de somnoler même s’il était conscient que le danger pouvait arriver à tout moment. Cependant, malgré son état de léthargie, tous ses sens restaient quand même en alerte. Même dans un état aussi lamentable, le dragon pouvait encore mordre, griffer et écraser. En bref, il était encore capable de se défendre. A présent, tout ce qu’il espérait était que sa chute ait passé inaperçue et qu’il pourrait se reposer paisiblement avant de partir à la conquête de ce soi-disant nouveau monde.

Invité

Le décor peu rassurant de la forêt des millénaires s’effaçait peu à peu avec l'apparition du soleil, ses innombrables attaques parvenaient à perforer les larges couches d'ombres en employant ses couleurs les plus vives et chaleureuses. L'humidité de la nuit parsemait encore ici et là les nombreuses plantes de gouttelettes translucides. Aucun son ne troublait cette paix inquiétante, pas même le vent sur les feuilles ou le pépiement de petits volatiles comme si la vie cherchait à éviter cet endroit. La jeune fille à la chevelure argentée courrait, en effet, elle sillonnait la forêt de fond en comble à une vitesse surprenante puis s'arrêta net sous le coup de la fatigue, ses poursuivants ont l'air de s'être arrêtés. Essoufflée, elle marcha lentement se remémorent la funeste scène antérieure.

Quelques heures plus tôt la jeune femme errait dans un petit village à l'ambiance tranquille, elle profita de cette paix ambiante pour s'emparer d'un panier de fruits variés, un homme à l'allure un peu bourrue lui coupa la route en lui ordonnant de lui rendre. D'un geste brusque et sans aucune retenu, elle lui porta un coup puissant à l'abdomen, mais l'inconsciente en oublia qu'il ne s'agissait que d'un simple humain non d'un chasseur de prime robuste et sans gène qu'elle avait l'habitude de rencontrer à son plus grand désespoir, son bras s’enfonça sous la violence de l'attaque dans le corps du malheureux avec la facilité que l'on aurait à couper une pomme. Lorsqu'elle retira sa main ensanglantée, sans la moindre expression de dégoût, l'homme tomba à terre, gisant et se tordant de douleur, qui ne durera sans doute que peu de temps. Une femme, ayant observée la scène se mit à hurler alertant ainsi les autres villageois, il aurait été simple pour la démone de massacrer le village, mais elle avait certainement mieux à faire que de s'amuser avec de faibles humains sans la moindre expérience au combat, la chasse n'a aucun intérêt s'il n'y a pas de handicap. Sans se retourner elle avança lentement, marchant sur le cadavre, provoquant ainsi la colère des villageois qui hurlaient comme des sauvages, mais restant tout de même loin de la bête sanguinaire. Un des villageois, plutôt téméraire fit preuve d'une rapidité sans précédent et planta une pointe en métal tout juste forgé dans le bras de l'assassin sans qu'elle ne s'en aperçoive, il resta quelques secondes ébahis par la prouesse qu'il venait d 'accomplir. Les deux yeux dorés de la démone s'écarquillèrent, un sourire d'excitation se formait alors sur son visage, d'un mouvement brutale elle se retourna frappant ainsi la tête de l'humain à la même hauteur que la sienne, il fût projeté sur plusieurs mètres, mais il n'eut aucune réelle blessures. Au loin on pouvait entendre le pas régulier de nombreuses personnes, avec ses événements elle en avait oublié que la vie ici ne marchait pas comme chez les démons où le sens de la vie n'a pas plus de valeur que celle d'un quelconque animale d'élevage. Les villageois encore terrorisés évoquaient les troupes elfiques qui venaient régulièrement profiter de la tranquillité du village, ils étaient une vingtaine, la démone les aperçues lorsqu'elle fuyait le village, la seule chose de plutôt positif c'est qu'à la vue de leurs habits ils ne devaient pas faire partie d'une garde royale mais, ils étaient armés et elle n'est pas du genre suicidaire (qui le serait d'un côté). Elle humait l'air et malheureusement les elfes ont décidé de poursuivre l'assassin, au bout de quelques minutes elle les avait semé, bien qu'ils ne tarderont pas à la retrouver, elle s'accorda un moment de repos, cela faisait deux jours qu'elle badaudée de villages en villages le ventre vide. Devant elle, de nombreux arbres ont été abattus récemment, elle escalada un amas de roches et s'affala sur l'une d'entre elle, entre deux pierres qui ressemblaient vaguement à deux yeux fermés (elle n'est pas réputée pour avoir un très bon sens de déductions). Le liquide écarlate qui dégoulinait de son bras se répandait sur le roc plein de mousse verdâtres. La jeune fille mangeait voracement un fruit d'une étrange forme, mais incroyablement délicieux, son jus d'une couleur orange coulait le long de son mince visage ce qui ne lui garantissait pas une apparence très … féminine. Comme tous les meilleurs moments ont une fin, celui-ci ne faisait pas exception à la règle lorsqu'elle huma de nouveau l'air, elle constata que la garde elfique avait retrouvées sa trace, certainement par son sang, ce qui était sur c'est qu'elle avait perdu beaucoup de sang et que la seule chose qui l'attendait était un bain de sang. Elle retira violemment la barre de son bras qui lui provoqua une douleur assez intense, elle la jeta sur la caillasse grisâtre et regarda une dernière fois le ciel bleu tan disque l'on pouvait déjà entendre le bruit des pas des elfes.

La fatigue le gagna peu à peu.
Sa tête était cachée derrière sa queue au bout épineux et ses ailes soigneusement repliées contre ses flancs, disparaissant presque entre les épines qui parsemaient son corps. Ainsi lové sur lui-même, le dragon somnolait paisiblement, ravi de ce moment de calme et de sérénité.
Il s’apprêtait à plonger dans un sommeil encore plus profond lorsqu’il sentit quelque chose glisser le long de ses écailles au niveau de son membre avant gauche. Au départ, il prit ce petit désagrément pour un oiseau ou un quelconque animal qui s’amusait à courir sur son dos. Mais cet horrible grattement persistait à en devenir insupportable. Puis, une douce odeur sucrée vint chatouiller ses narines. Le dragon se mit d’abord à ronronner sous l’effet de cette senteur, se croyant dans un rêve. Mais cette sensation gênante était toujours là.
Ouvrant subitement les yeux en baillant à s’en décrocher la mâchoire, il s’aperçut qu’un liquide vivement coloré coulait sur ses écailles. Il remarqua également la présence d’une jeune femme, assise sur son échine. D’un mouvement fluide, le renégat fit tomber la démone de son dos avant de se mettre rapidement sur pieds. Il s’ébroua, puis la regarda d’un air suspect. Ses yeux ne la quittaient pas une seule seconde. Il grognait, dévoilant ses crocs dans un sourire malveillant. Il perçut ensuite plusieurs sons: une voix qui aboyait des ordres en elfique, le claquement des plaque d’une armure et le martèlement des bottes sur la terre.
Une bande d’elfes débarqua au pas de course dans la clairière où il somnolait paisiblement. Décidément, il ne serait jamais tranquille. Le groupe des oreilles pointues était composé d’une dizaine de soldats, tous armés sans exception. Tous le dévisagèrent sans retenue comme s’ils avaient à faire à une créature inconnue. Le regard du dragon passa de la femme qui l’avait dérangé à la troupe d’elfes plusieurs fois avant de s’arrêter net sur ceux-ci. Entre la démone qui l’avait pris pour une chaise et ces mangeurs de salades, à choisir, il détestait le plus les elfes. Cette espèce ne valait absolument rien, ne servait à rien (même pas comme esclave) seulement à nuire les êtres comme lui.
Zaleth grogna de nouveau, plus férocement cette fois avant de pousser un puissant rugissement dans leur direction, ce qui les dissuada d’avancer davantage. Ils hésitèrent même à attaquer! Certains restaient ébahis et silencieux alors que d’autres se posaient tout un tas de question entre eux.
Est-ce un allié de la démone? Qu’est-ce qu’un dragon fait par ici? Chef, qu’est-ce qu’on fait?
Le renégat connaissait un peu l’elfique. Certes il ne comprenait pas tout mais suffisamment pour savoir que sa seule présence les mettait mal à l’aise.
N’attendant pas une seconde de plus, le dragon s’élança vers eux avec toute l’énergie dont il disposait. Gueule grande ouverte, il se jeta sauvagement sur le premier à sa portée alors que deux soldats s’enfuyait déjà à la vue de ce dragon massif qui chargeait sur eux. Ses crocs s’enfoncèrent dans la chair, perforant le métal et faisant jaillir le sang. Il relâcha ensuite le corps qui retomba lourdement au sol, pris de convulsions. Le cadavre fut à peine à terre que Zaleth fonçait déjà sur une autre proie mais ses mâchoires n’attrapèrent que du vide. L’elfe venait d’esquiver son attaque de justesse. Une seconde de plus et il se retrouvait entre ses crocs. Le monstre n’eut pas le temps de s’occuper de son cas. Plusieurs flèches vinrent ricocher sur sa cuirasse d’écaille, faisant voler la mousse qui s’y était agrippée. Ces cure-dents retinrent son attention.
Deux elfes avaient sorti leur arc et trois autres avaient dégainé leur arme. Les attaquer tous en même temps à la mode barbare n’était que pur suicide. Il emploierait donc un moyen plus subtil pour les éliminer.
Rassemblant l’énergie suffisante, le peu qu’il lui restait à vrai dire, le dragon ouvrit sa gueule pour lancer une attaque magique. Contre toute attente, ce ne fut pas du feu qui en sorti mais une boule de plasma aux éclairs étincelants. Cette sphère électrique fonça sur le droit d’elfe avant d’éclater en sous milieu dans un grondement sourd. Suite à l’impact, le sol trembla légèrement et de la fumée s’éleva presque immédiatement. Dès qu’elle fut dissipée, elle laissa apparaitre un mince cratère noir. Autour, tout était calciné. L’herbe avait pris une teinte rousse voire noire à certains endroits et les arbres les plus proches avaient perdu leurs feuilles ou étaient devenus couleur suie sous la forte chaleur dégagée par l’attaque. Trois elfes gisaient au sol que les végétaux autour d’eux. Leur chair avait été dévorée par la chaleur électrique et leur visage était resté figé dans une expression de souffrance et d’horreur. Les deux autres avaient été projetés suite à la violence de l’impact. L’un n’avait pas survécu alors que l’autre se trainait péniblement hors de portée du monstre, le corps brûlé de la tête aux pieds. Chaque mouvement lui était un supplice et déformait son visage en une grimace terrifiante. Il suppliait les deux elfes restant de lui venir en aide, tendant une main calciné dans leur direction.
Horrifié aussi bien l’un que l’autre, les deux soldats ne savaient plus quoi faire. L’un finit par prendre la fuite, trop terrifié par la vue de sa troupe décimée. L’autre resta planter là à regarder son chef mort-vivant, pétrifié par la peur qu’inspirait ce spectacle macabre. Une attitude qui lui coûta la vie.
Zaleth fondit sur lui sans lui donner la moindre de chance de s’enfuir. Il faisait preuve d’une rapidité étonnante malgré sa grande fatigue. Ses mâchoires se refermèrent sur le corps de l’elfe. Le sang coulait à flot alors que le soldat hurlait encore à l’intérieur de la gueule du monstre. Il le lança ensuite, jugeant qu’il l’avait suffisamment fait souffrir entre ses crocs. Le corps retomba dans un buisson roussi. Zaleth s’en désintéressa et le laissa à l’agonie pour retourner s’occuper du capitaine elfique. Celui-ci était encore vivant. Il rampait toujours douloureusement en tentant d’échapper au monstre qui avait tué quasi tous ses compagnons. Mais le dragon était déjà sur lui.
Il le bloqua facilement sous sa patte avant de faire pression sur son corps calciné. L’homme hurla de douleur à n’en plus respirer. Le renégat se délecta de ses cris, un sourire sadique étirant ses lèvres reptiliennes. Un craquement sonore se fit entendre. Les os du pauvre soldat cédèrent les uns après les autres sous le poids du dragon. Une flaque rougeâtre se forma rapidement et le malheureux s’étouffa dans son propre sang qui remontait dans sa gorge. Zaleth retira sa patte, laissant sa marque dans le dos de la cuirasse de métal. Son regard resta quelques instants braqué sur lui, un regard rempli de haine et de satisfaction.

Pourriture d’elfe! Je vous tuerai tous jusqu’au dernier!

Oui, le renégat avait toujours eu ce côté raciste et sans pitié. Il n’aimait que très peu de monde, ceux qu’il trouait digne de fouler la même terre que lui. Les elfes n’en faisaient pas partie, les drows également. Seuls les démons et les vampires étaient dignes d’intérêt. Les autres renégats aussi bien évidemment même s’il les voyait parfois comme des rivaux.
Ses pensées revinrent vite à la raison de son réveil. Il avait presque oublié la démone. Il se tourna vers elle et ne s’empêcha pas d’émettre un petit grognement à la fois victorieux et fatigué. Il n’était plus d’humeur à croquer dans de la chair fraiche. Il ne voulait plus qu’une seule chose: dormir.

Sache que je n’ai pas tué ses elfes pour te sauver, fillette!

En effet, Zaleth l’avait plutôt fait que par pure haine des elfes, rien de plus.
La fatigue le gagna bientôt. Il était déjà assez faible en arrivant dans cette forêt, désormais, il l’était encore plus. Il n’eut même pas le courage de s’extirper de la zone du massacre. Il se laissa tout simplement tomber lourdement parmi les cadavres et les mares de sang. Ses pattes ne le tenaient plus et ses muscles étaient douloureux. Le dragon bailla, dévoilant ses crocs encore tâchés de sang elfique. Il s’apprêta à se rendormir lorsqu’il sentit encore la présence de la démone. Soupirant d’ennui, il tourne péniblement sa tête vers elle avant de lui dire:

Tu n’as donc rien à faire ou nulle part où aller?

Invité

La blessure de la jeune démone commençait déjà à cicatriser, c'est bien une des raisons pour laquelle un corps de démon est nettement préférable à la faible corpulence des elfes. La forêt était plutôt calme, quelques oiseaux s'éveillaient et commencer à chanter dans les cimes des arbres, le soleil lui chauffait agréablement la peau du visage. C'est dans ce genre de moment, où le temps semble s'arrêter un bref instant que la vie se montre si plaisante à vivre. En effet, le climat était doux, ni trop chaud, ni trop froid, le soleil faisant son apparition, l'odeur sucrée que laissait dévoiler le fruit qu'elle savourait ravivait ses narines. Elle était installée confortablement, les jambes allongées et le dos bien calé, quand soudainement, la roche sur laquelle elle était assise se mit à trembler puis monter brusquement sur plusieurs mètres ce qui provoqua la chute de la démone. Elle roula sur elle-même pour finalement se jeter au sol se rattrapant in extremis sur ses deux mains, s'asseyant ensuite sur son derrière gardant le même flegme qu'ordinaire. Après quelques secondes d'attention elle écarquilla ses grands yeux dorées en levant la tête, sa bouche restait entrouverte sous l'effet de la surprise, elle était en effet surplombé par un magnifique dragon, une créature majestueuse mesurant plusieurs mètres, mais ce n'était pas son genre d'aborder ce genre d'expression faciale, elle reprit donc immédiatement son calme regardant tout de même la bête d'un air sévère et méfiant.

Le dragon grogna tout en la dévisageant jusqu'à ce que la troupe elfique rapplique, sous des mines effarés, observant le monstre, ils stagnèrent plusieurs minutes en balbutiant des paroles incompréhensibles. La jeune femme se leva d'un pas décider à les affronter, mais le renégat ne lui en a pas laissé l'occasion, d'un geste fulgurant il fonça sur la troupe, provoquant ainsi un vent violent autour de lui, un des combattants fut dévoré en l'espace de quelques secondes. C'est un combat à sens unique qui se déroulait devant la jeune fille, le dragon ne leur laisser aucune ouverture et leurs attaques n'avaient pas l'air de le déranger plus que cela. L'agonie des elfes était plutôt plaisante à voir, elle se rassit pouvant ainsi mieux apprécier le spectacle pour le moins morbide, le sang se rependait sur l'environnement tan disque les gémissements des elfes s'intensifièrent. On pouvait dire qu'à ce moment précis la jeune femme était heureuse, une excitation certainement dû à sa curiosité, elle n'aurait jamais pensé rencontrer si tôt une créature reflétant autant de cruauté, c’était de la violence à l'état pur et c'est en cela qu'elle était ravi. La nature tremblait, tout être vivants s'éloignaient mais elle, frissonnait d'excitation observant la scène. Une fois qu'il dévora le dernier combattant (même si le terme combattant ne leur est pas trop approprié) il marmonna:

«Pourriture d’elfe! Je vous tuerai tous jusqu’au dernier!»

Il se tourna vers la jeune fille émettant un léger grognement plutôt méprisant, il leva sa grande tête reptilienne lui lançant un terrible regard plein de méfiance et de férocité.

«Sache que je n’ai pas tué ses elfes pour te sauver, fillette!»

Eh ben encore heureux, elle se sentira bien humiliée le jour ou quelqu'un lui sauvera la mise du fait de son impuissance. La terrible bête s'écroula sur le sol parsemé de tâche rougeâtre et de corps gisant, faisant par la même occasion trembler la terre. Il releva difficilement sa tête en direction de la jeune femme, d'une voix roque et grave il dit sèchement:

«Tu n’as donc rien à faire ou nulle part où aller?»

Il y a eu un long silence, la démone leva les yeux au ciel un bref instant pour finalement se concentrer sur le dragon exténué, elle l'observa quelques secondes puis poser le panier de fruits qui miraculeusement n'avait subi aucun réel dégât, elle n'en prie qu'un seul et avoua d'un ton faiblard :

« Je suis une vagabonde je n'ai aucun endroit où aller en particulier, l'odeur du sang me calme et m'apaise, je ne m'excuserai pas pour avoir voulu somnoler au soleil... Mais vu que tu m'as débarrassé de ces insectes, je m'en vais ...»

Elle se retourna, laissant le panier près d'un vieil arbre qui s'affaissa brutalement sur la jeune fille qui d'un simple coup l'envoya a seulement quelques mètres du dragon. La jeune démone, croquant sauvagement dans son fruit juteux en partant lentement.

Les paroles de Lita ne le firent pas réagir beaucoup…
Zaleth l’avait à moitié entendu, plongeant déjà droit dans ses rêves. Pourtant, malgré la fatigue qui le tenaillait sans cesse, il ne parvint pas à s’endormir comme il le voudrait. Ses vieux instincts de conversation l’empêchaient de dormir, l’obligeant ainsi à rester sur ses gardes. Même s’il ignorait toujours où il se trouvait précisément, il savait qu’il se situait sur le territoire des elfes ce qui était plutôt une mauvaise chose pour un renégat. Le monstre se souvenait vaguement de la terre elfique, il ne savait donc pas trop où aller. Même s’il voulait rester là, vautré dans le sang encore chaud des corps des elfes, il ne pouvait en aucun cas rester dans les parages. Trois soldats s’étaient enfuis devant lui, en ce moment, ils devaient probablement accourir à leur village en hurlant le mot « dragon » dans leur langue. D’autres viendraient bientôt pour lui faire la peau. Et l’état dans lequel il se trouvait ne favoriserait certainement pas sa victoire. Mieux valait vite déguerpir d’ici et prendre de l’avance sur les patrouilles elfiques.
L’image de la démone lui revint en tête. Certes, le dragon répugnait l’idée qu’il avait à l’esprit, mais il ne voyait pas d’autre solution. Il avait besoin d’elle sur certain point, notamment comme garde du corps pour l’instant mais aussi comme chasseur car son estomac criait famine. Tiens, d’ailleurs, Zaleth découvrait seulement maintenant qu’il avait faim… la fatigue l’avait tellement malmené qu’il en avait oublié ses autres besoins vitaux. Son regard se posa alors sur les cadavres dont l’odeur venait emplir ses narines. Pris de dégoût, il refusa d’en manger ne fusse qu’une miette. C’est alors qu’il sentit parmi les senteurs de sang, de métal et de chair calcinée, celle du fruit sucré que mangeait Lita lorsqu’il s’était éveillé. Il chercha rapidement des yeux sa provenance et tomba sur le panier encore plein.
Avec un effort qui dépassa l’entendement de tous, le renégat s’était remis sur ses pattes. D’un pas las, il se déplaça en direction de l’arbre où le panier était soigneusement niché entre ses racines. Il baissa ensuite la tête et sans même faire la distinction entre l’osier et les fruits, il avala la corbeille tout entière. C’était un repas plus que léger, mais au moins il avait quelque chose dans l’estomac qui lui redonnerait un peu d’énergie pour avancer. Zaleth attendit encore quelques instants que la fatigue se dissipe au profit de la faim et de la soif pour emboiter le pas à la démone.
Elle marchait relativement lentement et même avec l’allure dont il faisait preuve pour ne pas dire qu’il se trainait limite au sol, le dragon finit par la rattraper. Il ne la dépassa pas, il la suivait tout simplement, restant à une ou deux mètres derrière elle et faisant comme si de rien n’était.
Zaleth ne savait pas trop comment aborder le sujet, du coup, il resta silencieux tout en continuant à marcher derrière la démone. Dans un monde qui est pourtant le sien, il ne parvenait pas à s’y retrouver comme il le voudrait. Il avait vraiment dur à l’admettre, mais il avait vraiment besoin d’elle. Ce n’était plus pour qu’elle lui ramener de la nourriture et qu’elle le protège contre les elfes, maintenant il avait besoin de son aide en tant que guide. Pourtant, il refusait de l’avouer, trouvant cette attitude trop honteuse pour un dragon de sa trempe. Lui qui avait l’habitude de faire confiance à personne et à ne compter que sur lui-même se retrouvait à demander de l’aide à quelqu’un. D’un côté, cette situation l’aurait certainement mis en colère, mais fatigué comme il l’était, il se résigna à baisser la tête et à enfuir sa rage au fond de lui.
Il lui fallait encore bien quelques longues minutes pour enfin ouvrir la bouche:

J’ai deux questions à te poser…

Le dragon s’interrompit, feignant de trouver ses mots alors qu’il trouvait que cette situation n’était pas à son avantage et s’en sentait troublé ainsi que honteux. Il finit par lâcher la suite:

Pour la première… où sommes-nous? Et la seconde…

Ce fut celle qui fut le plus dure à dire, mais rassemblant son courage, il finit par l’avouer:

Puisque tu es vagabonde, j’imagine que tu cherches du travail! Alors si tu es d’accord, je te prend en tant que guide et garde du corps le temps que je me rétablisse… acceptes-tu?

Après ces mots, le renégat prit sa forme humaine pour la mettre un peu plus en confiance et lui montrer ainsi son visage lorsqu'il avait l'apparence d'un homme. Cependant, il avait également pris son cet aspect pour être plus discret dans la végétation. Un simple humain passait plus facilement inaperçue qu'un immense dragon. Il n'empêche que cette transformation avait des défauts... même s'il était toujours un dragon à l'intérieur, dans ce corps humain, Zaleth ressentait encore plus la fatigue et peinait à rester debout. Malgré ce poids, il tentait d'avoir une allure noble et fière pour donner l'illusion que la fatigue ne l'affectait pas trop. De plus, il aimait encore moins qu'on le voit si faible sous sa forme humaine, alors il faisait l'effort de tenir bon en attendant la réponse de la démone.

Invité

La jeune démone s'éloigna du dragon, elle a pu voir la puissance de ces créatures au combat même si ce fut bref, de plus elle a été débarrassée de ses poursuivants sans avoir levé le petit doigt, voilà qui valait le détour. Elle avançait très lentement pouvant ainsi savourer la chaleur du soleil sur son visage, les mains pendantes elle observait les alentours, effleurant ici et là, s'aventurant sur le chemin délabré, elle ne connaissait point cet endroit, mais possédait ce don incroyable de se repérer aisément où qu'elle se trouve. Bien qu'elle n’appréciait pas particulièrement les elfes, ils étaient l’essence même de nouveautés, Lita est une personne curieuse et désireuse de découvrir toujours plus, c'est bien dans cette idée qu'elle s'est retrouvée dans cette forêt.

Elle avait avancé sur plusieurs mètres, mais elle pouvait encore entendre la bête remuait, il lui était déjà sorti de l'esprit et puis elle avait bien d'autres choses à penser, de plus qu'elle ne devait pas traîner ici, même si plusieurs gardes ont été tués, trois d'entre eux se sont échappés. Les elfes de bas étage tels qu'eux ne sont pas particulièrement fort, mais ils sont nombreux et se déplacent rapidement...
Elle sentit peu à peu la forte odeur du grand reptile qui se rapprochait dangereusement, le choc de ses puissants pas contre la terre faisait presque trembler le sol. La jeune démone fit mine de l'ignorer et continua sa route, mais il rester là, à la suivre sans dire un mot, les marques de l'énervement se laisser lire sur son visage quand elle s’apprêtait à rompre ce silence pesant, le dragon sorti d'un ton neutre et rigide :

« J'ai deux questions à te poser... »

La démone s'arrêta net, puis se retourna doucement vers l'imposante créature.

« Pour la première... où sommes nous ? Et la seconde... »

Il marqua un grand temps d'arrêt pour la deuxième question, bien qu'avec sa tête reptilienne il était difficile de le voir, il avait tout de même le regard de quelqu'un qui a besoin d'aide (bien qu'il n'ai certainement pas envie d'une aide charitable, particulièrement de la part d'une autre race.)
Puis il releva la tête et conféra :

« Puisque tu es vagabonde, j’imagine que tu cherches du travail! Alors si tu es d’accord, je te prend en tant que guide et garde du corps le temps que je me rétablisse… acceptes-tu? »

La jeune femme écarquilla ses prunelles dorées, comment ces êtres si puissant, si fier pouvait se rabaisser à demander de l'aide... enfin elle n'allait pas s'en plaindre. Se tenant le menton elle répondit d'un ton sarcastique :

« C'est d'accord je serai à ton service. »

Elle regarda un moment le dragon et son imposante carrure.

« Nous sommes actuellement dans la forêt des millénaires non loin d'une cité elfique... Comme tu as pu le constater trois de ces trouillards aux longues oreilles se sont enfuis, on a pour l'instant tout intérêt à filer d'ici en vitesse, d'autres elfes peuvent rappliquer à n'importe quelle moment.»

Le renégat prit sa forme humaine pour la mettre un peu plus en confiance et lui montrer ainsi son visage lorsqu'il avait l'apparence d'un homme. Cependant, il avait également pris son cet aspect pour être plus discret dans la végétation. Un simple humain passait plus facilement inaperçue qu'un immense dragon. Il n'empêche que cette transformation avait des défauts... même s'il était toujours un dragon à l'intérieur, dans ce corps humain, Zaleth ressentait encore plus la fatigue et peinait à rester debout. Malgré ce poids, il tentait d'avoir une allure noble et fière pour donner l'illusion que la fatigue ne l'affectait pas trop. De plus, il aimait encore moins qu'on le voit si faible sous sa forme humaine, alors il faisait l'effort de tenir bon.
A démone fit par lui répondre. Elle était apparemment d’accord d’entrer à son service ce qui était plutôt positif dans son cas. Il ne s’empêcha pas de sourire, un sourire satisfait. Au moins pour son retour, il pouvait déjà compter sur une alliée ce qui n’était pas mal du tout. Désormais, il devait en recruter d’autres, il pensait même à recréer son ancienne guilde. Une multitude de projet germait dans son esprit, certains traitant de sa vengeance d’autres de ses plans de conquête. Son sourire s’agrandit pour devenir diabolique. Mais il s’effaça très vite lorsqu’elle lui apprit où ils se situaient. S’il avait bien compris, notre renégat avait atterri dans les contrées elfiques. Pas étonnant donc qu’il y ait tout un tas d’elfe dans le coin ce qui était plus mauvais signe encore car ils se trouvaient près de l’une de leurs cités. Lita l’avertit même qu’ils ne devraient pas tarder dans les parages. Elle n’avait pas tort sur ce point. Avec les trois trouillards, le secteur devenait dangereux. Ils étaient probablement rentrés chez eux en hurlant avoir un dragon décimer leur patrouille et exiger que tous les autres elfes se mettent en chasse du monstre.
Son regard se posa sur la jeune femme et il ne peut s’empêcher de lui dire sur un ton las:

Puisque tu consens à me servir, trouve nous un abri ou fais nous sortir de cette forêt!

Zaleth n’en pouvait plus, il avait vraiment besoin de se reposer, dans un endroit calme si possible et à l’abri de la menace des elfes.
Voyant qu’elle ne se décidait pas à bouger, il insista sur un ton un peu plus dur:

Qu’est-ce que tu attends? Que les elfes nous trouvent?

Invité

Lita examina le dragon de ses grands yeux dorées, son regard sévère ne laissait pas paraître la moindre once de confiance. Tout son parcours jusqu’à maintenant avait fait d’elle une personne solitaire et surtout incapable d'éprouver de l'affection, comment pouvait-elle faire pour protéger un autre individu alors que jusqu'à présent, elle et elle seule comptait, tant de questions perturbaient la jeune fille. Elle avait répondu bien trop rapidement sans réfléchir comme la plupart de ses actes, mais après ce pourrait être une chance pour évoluer, elle ne pourrait apprécier la présence d'autres personnes seulement en restant avec eux... Au fond d'elle c'est peut être ce qu'elle désirait. Elle caressa un moment son écharpe en plume de velours brunes (elle le faisait régulièrement lorsque le doute l'envahissait), un vent frais glissait à travers les feuilles jusqu'à atteindre la jeune fille qui, plongeait dans ses esprits, sursauta de stupeur, elle reprit vite son air glacé puis se retourna vers l'animal. Elle écarquilla de nouveau ses magnifiques prunelles lorsque le dragon, mesurant pourtant plusieurs mètres se mit à rétrécir pour atteindre la taille, tout de même imposante d’environ 1m 80, il avait une apparence d'un jeune homme d'une vingtaine d'année, son visage était étrangement blafard même pour un dragon, ce n'était pas normal, elle ne savait pas réellement ce qui lui était arrivé et elle s'en fichait éperdument, mais elle essayait tant bien que mal de comprendre les habitants de ce vaste monde, ce qui n'était pas chose aisée pour un démon... Donc elle se décida finalement de lui venir en aide. Alors qu'elle pensait à des choses plus importantes, elle entendit une voix grave d'un ton légèrement agacé :

« Puisque tu consens à me servir, trouve nous un abri ou fais nous sortir de cette forêt! »

Elle ne le savait que trop bien, la situation dans laquelle elle se trouvait n'était pas la plus idéal, parce qu'il est bien connu que les elfes sont des créatures bien trop persistantes, impossible de faire abandonner un elfe... Son visage qui revêtait un air plus que sérieux devint las comme si elle se souvenait d'un passage de sa vie qu'elle préférerait oublier....
La jeune démone huma l'air, il avait une sale odeur de putréfaction, leur principal objectif était de s'éloigner le plus possible de cet endroit ensuite de camoufler cette puanteur qui s'était imprégnée de leurs vêtements, puis elle repensa à l'ordre du dragon, nous faire sortir de cette forêt, mis à part un miracle s'était hors de sa portée, après tout elle ne les connaissait pas plus que lui ces fichu bois...

« Qu’est-ce que tu attends? Que les elfes nous trouvent? »

Elle se retourna brusquement et laissa s'échapper un léger grognement semblable à celui des lycanthropes lorsqu'ils s’apprêtent à chasser, elle détestait plus que tout qu'on lui donne des ordres, particulièrement sur un ton aussi aigre que le sien, mais elle prit sur elle et s'est retenu, après tout déclencher un bagarre avec un dragon et avant tout, la personne qu'elle devait protéger n’était certainement pas la meilleure chose à faire... Elle regarda loin devant elle, le sol délabré, les arbres éparpillés, la jeune démone se retourna vers le renégat et lui dit sur un ton tout à fait serein et élargissant un grand sourire charmeur :

« J'espère que tu cours vite j'ai pour habitude d'y aller toujours à fond »

La jeune fille se mit en position comme si elle s’apprêtait à faire une course, ses muscles se contractèrent puis elle bondit à plusieurs mètres le vent dans ses cheveux brillants, le dragon la suivait sans rien dire, ils ont couru sur plusieurs kilomètres puis elle s'arrêta, songeuse regardant une petite montagne rocheuse, à la vue du dragon et de sa forme physique, elle grimpa sur les rocs grisâtres parsemés de mousse mouillée, comme son instinct était une fois de plus parfait, il y avait une grotte peu accueillante certes, humide et plutôt sombre, mais elle décida tout de même à y rentrer de plus, peu importe le lieu, le dragon avait besoin de se reposer même si ce n'est pas pour longtemps.

« Je pense que l'on devrait rester ici pour se reposer, ils mettront de toute évidence plusieurs heures à nous trouver ici. »

A ce même moment la gamine sauta, en quelques secondes elle était déjà en bas, la priorité était à présent de dissimuler l'odeur de mort qui leur rodait autour, par chance un ruisseau coulait un peu plus bas la jeune fille en profita pour s'y désaltérer ainsi que de plonger dans l'eau glacée après s'être gracieusement déshabillée, bien qu'elle avait l'habitude de se laver dans une eau fraîche elle ne s'y fera sans doute jamais, le froid n'est pas vraiment le meilleur moyen de remettre un démon en forme... Elle n'y resta tout de même pas longtemps, une fois sorti ses cheveux dégoulinant sur sa peau nue, elle passa également ses habits à l'eau, mais de manière à ne pas les abîmer (elle en prend soin, bien qu'elle ne soit pas une référence elle est bien une fille). Il fallait à présent couvrir Zaleth, une fois rhabillée, elle s’assit quelques secondes puis vit enfin comment elle allait s'y prendre, elle fit alors sur le moment un visage particulièrement guai malgré la situation, ce genre de visage que font les enfants lorsque leur parents leur offrent le plus beau des cadeaux (il en faut peu pour la satisfaire à cette demoiselle).

Elle remonta difficilement l'amas de roches pour atteindre leur cachette, disons que cette fois elle avait une charge un peu plus imposante, elle la jeta violemment non loin du dragon, c'était une sorte d'élan, proprement tuée, pour une fois. Elle sortit une dague et l’enfonça dans l'animal puis prit une grosse poignée de sang et en versa le long de l'entrée de la grotte, ainsi, il n'y avait que peu de chance que ces elfes les trouvent, la jeune démone scruta Zaleth un moment qui ne parlait pas beaucoup et lui avoua d'un ton très calme :

« je n'ai pas l'intention d'en prendre, tu devrais en manger. »

La démone s'installa dans un coin, faisant mine d'être seule elle observait paisiblement la forêt illuminée par le soleil désormais au zénith.

Le dragon se laissa donc mener.
Il parvenait tout juste à suivre l’allure de la jeune femme. Et ce qui n’arrangea en rien sa situation était qu’il dut reprendre sa forme de monstre légendaire sous le coup de la fatigue qui était trop importante pour son apparence humaine.
Il suivait donc péniblement la démone, la tête basse et la queue trainant sur le sol. Il était tellement accablé qu’il n’arrivait pas à prononcer leur moindre mot. Les seuls bruits émanant de la bête n’étaient autres que sa respiration rauque et ses écailles frottant le sol.
Heureusement, Lita finit par leur trouver un abri. Il s’agissait d’une petite grotte qui passait presque inaperçue dans le paysage à cause de la végétation à proximité. Il fallait monter jusque-là et faire très attention pour l’apercevoir. La caverne, creusée dans la paroi abrupte d’une colline de pierre, surplombait un ruisseau relativement important. On pouvait presque le classer de petite rivière.
Zaleth observa quelques instants les alentours avant de se diriger vers l’entrée de la grotte. Il était bien trop exténué que pour descendre boire. Il pénétra à l’intérieur et fit plusieurs mètres avant de s’écrouler en gémissant. Le dragon s’étala de tout son long, s’appuyant contre la paroi de la grotte. Il croisa ses pattes avant pour y déposer lourdement sa tête. Zaleth poussa un profond soupire, honteux par ce qu’il était devenu. Malgré la fatigue, il ne put que somnoler. Le sommeil ne lui venait pas. Cependant, cela ne l’empêcha pas de rêver à ses propres exploits passés (ou méfaits diront certains).
Quant à la démone qui l’accompagnait, il ne l’avait pas vue entrer. Il s’en serait soucié si la fatigue ne le clouait pas au fond de cette grotte. D’un côté, s’il était en plein forme, il ne serait certainement pas ici à tenter de dormir et à attendre que son protecteur revienne.
Au bout d’une petite heure environ, une odeur alléchante le sortit de ses rêveries. Il leva une paupière et remarqua que Lita revenait vers lui, chargée d’une surprise particulièrement appétissante. La démone déposa un élan juste devant son museau. Zaleth s’empressa de le renifler ce qui le fit saliver. Sans attendre une seconde de plus et sachant que Lita n’en mangerait pas, il attrapa le cadavre par la tête pour la ramener vers lui. Le dragon la lâcha ensuite pour mieux la saisir au niveau des épaules. Il arqua ensuite le cou et engloutit l’animal tout rond qui alla se loger dans son estomac. Le renégat n’avait rien laissa de sa proie. La seule trace qui restait de ce festin était le sang répandu sur le sol.
Zaleth se coucha à nouveau, rassasié pour l’instant. Il émit un léger ronronnement satisfait en guise de merci, puis il put enfin sombrer au pays des rêves. Il dormit tout le reste du jour ainsi que toute la nuit. Il ne se réveilla seulement qu’au petit matin. Le soleil n’était pas encore levé mais pointait déjà à l’horizon, colorant le ciel de rose et d’orange.
Le dragon bailla à s’en décrocher la mâchoire, trouvant qu’il avait bien dormi. Il se leva et s’ébroua avant de sortir de la grotte et de se diriger vers le ruisseau en contre-bas. Zaleth but plusieurs gorgées et regarda son reflet dans un coin paisible de la mini rivière. Son reflet renvoyait une image minable de lui-même. Il était sale, couvert de poussière et de mousse. Ses griffes étaient cassées à de nombreux endroits et bon nombre de ses écailles étaient tordues faute d’entretien constant.
Quel affreux dragon il faisait, pire qu’une Wyrm! Où était passé ce terrible monstre qui faisait trembler les Terres Franches? Combien d’année s’étaient écoulées pour qu’il soit dans un état aussi lamentable?
Zaleth donna un coup de patte dans l’eau pour chasser son reflet et grogna de fureur, visiblement mécontent. Il comptait bien remédier à ce problème. Le grand renégat renaissait de ses cendres et il allait montrer à tout le monde qu’il n’avait rien perdu de sa puissance et de sa cruauté. Mais avant, un brin de toilette s’imposait.
Le dragon entra dans le ruisseau dont l’eau rafraichissante lui arrivait à peine aux genoux. Il se coucha de façon à ce que l’eau coule un peu plus sur ses écailles. Il fit même quelques roulades pour débarrasser son dos de la mousse, des écailles ébréchées ou autres qui le gênaient. Puis, il alla se placer dans l’eau un peu plus profonde et se laissa aller. Encore une fois, la couleur de ses écailles le dissimulait dans le paysage bien qu’il n’ait quasi plus de mousse sur le corps. L’eau froide sur sa peau lui procurait une sensation de bien-être, du coup, il resta profiter du ruisseau, ne bougeant plus d’un pouce jusqu’à ce que Lita veuille bien se montrer.

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Le monstre de feu qui désirait la protection de Lita avait bien du mal à trouver le sommeil, le féroce animal qu'il était redevenu était si imposant, si terrifiant et pourtant en ce moment il paraissait si faible, la jeune démone le regarda indifféremment de ses prunelles dorées. Cette dernière examina le démon en profondeur, il était si près, ses écailles avaient l'air de se briser peu à peu, la mousse et les plantes s'était imprégnées de son corps, ses yeux semi-clos renvoyaient à un sentiment de tristesse... non pas vraiment, plutôt de la nostalgie. Elle n'était pas du genre à aider les autres cependant, il lui avait demandé de l'aide, un démon peut bien avoir des défauts, un pacte et un pacte, ce sont des préceptes qui remontent à bien des millénaires et sont désormais oubliés, mais elle tenait à les respecter.
Aussi bien elle sortit de son baluchon de toile grisâtre un petit pot légèrement décoré et orné de pierres précieuses, une trouvaille qu'elle avait une fois de plus disons... emprunté sans intentions de retour à un pauvre marchant clandestin, ce petit récipient dégageait en fait une odeur agréable et incitait le cerveau à s'endormir, pour ne pas être affecté par le puissant somnifère elle sortit dehors pour se reposer, le sang couvrait parfaitement bien l'odeur du dragon, donc elle monta sans crainte vers les hauteurs de la montagne sur laquelle ils se trouvaient. A présent il devait déjà rejoindre ce cher Morphée dans des songes tous plus magnifiques les uns que les autres, du moins espérons... La demoiselle prit un bon bain de soleil sans se déplacer, son odorat très développé ne capta pas la moindre odeur de lâches aux grandes oreilles et puis franchement, flemmarder était nettement plus intéressant que de se battre, donc s'épuisait pour pas grand-chose. Elle se reposa juste une ou deux heures (suffisant pour remettre un démon en forme), de temps en temps elle jeta quelques coups d’œil à Zaleth qui somnolait en paix, elle s'occupa également de retirer la carcasse nauséabonde qui empestait leur abri temporaires.

Aucunes créatures ne cherchaient à les nuire dans les environs. Ayant déjà travaillé auprès de plusieurs alchimistes et herboristes, des personnes généralement très instruit pour qui elle portait le plus grand respect qu'un démon pouvait offrir, grâce à eux se sentir entouré d'arbres, plantes et créatures animales était bien plus enrichissant que d'être en présence d'humains, qui risquaient fortement d'être égorgés ou pires par cette dernière à la moindre incartade de leur part (il lui en fallait peu en effet, elle n'était pas réputée pour sa patiente et son bon savoir vivre). Aussi bien elle prenait plaisir à récolter les nombreuses plantes qui ornaient ce sol glacial, avec un peu d'eau et un petit feu, il était simple de préparer une décoction de remise en forme. Après tout, surveiller quelqu'un n'était pas son activité favorite et puis plus tôt elle quitterai la terre des elfes mieux elle se sentira...
Une fois prête au bout de quelques heures elle repartit vers lui, il n'était plus endormi barbotant dans la rivière, une vision quelque peu pittoresque puisqu'à chacun de ses mouvements, le sol tremblait et puis question discrétion ce n'était pas le top.

Elle s’avança donc vers Zaleth, arborant un magnifique sourire tendant la fiole (bien grand mot, plutôt un récipient de métal d'une forme disons... inconnu) en sa direction, elle ne servirait qu'à retrouver ses capacités, son énergie en somme, une boisson revitalisante, réputé pour sa puissance. Un simple humain ne survivrait certainement pas à cette potion, mais vu la puissance et la corpulence de l'animal cela lui irait parfaitement.

« Tu devrais prendre ceci, je te préviens en revanche, elle à un goût absolument atroce, ne la recrache pas je n'en referais pas d'autre. »

Ses mains était noires de terre, les ongles tâchés de sang, parce que trouver tout les ingrédients nécessaires à sa fabrication n'était pas aisée, de plus qu'elle ne connaissait pas vraiment les environs, elle s'empressa donc de les cacher dans son dos.

Il faisait calme.
Les oiseaux avaient commencé leurs activités matinales, chantant joyeusement. Le coulis du ruisseau venait ajouter sa mélodie. Le soleil se levait paresseusement, transperçant la cime des arbres de ses rayons dorés. Le renégat serait bien resté là, entre l’astre du jour qui réchauffait ses écailles et l’eau fraiche qui parcourait sa peau. Il se serait même rendormi, se trouvant si bien, mais il avait déjà trop dormi. C’était l’heure pour lui de faire son grand retour.
Zaleth leva une paupière en entendant du bruit et aperçut Lita s’approcher de lui, un pot à la main. L’odeur qui s’en échappait était écœurante, et apparemment, le goût n’était pas mieux d’après la démone. Celle-ci lui apprit qu’il s’agissait d’un énergisant et qu’il pourrait lui rendre rapidement ses forces. D’abord contre, le dragon lui montra ses crocs en signe de refus, n’aimant pas trop dépendre des autres à ce point. Mais s’il voulait retrouver son indépendance, il devait se résoudre à absorber cette potion. Le renégat capitula donc.
Zaleth se releva pour sortir du ruisseau avant de s’ébrouer. Il jeta ensuite un coup d’œil à la mixture et constata que le pot dans lequel elle se trouvait n’était pas très adapté à sa taille actuelle. Il opta donc pour prendre sa forme humaine ce qui était bien plus pratique dans ce cas-ci. Seule chose négative dans sa transformation était qu’il se retrouva avec ses vêtements mouillés et les cheveux lui collant au visage puisqu’il venait tout juste de sortir de l’eau. Mais bon, ce n’était pas si désagréable.
L’homme prit le pot qu’elle lui tendait et but tout son contenu sans en laisser une goutte. Il soupira d’aise, non pas à cause du goût qui se révéla atroce mais bien parce que ce breuvage lui réchauffait déjà les entrailles.
Il lui redonna le pot en retour avant de faire quelques pas en s’étirant pour se dégourdir un peu. Il se retrouva vite d’aplomb avec ce qu’elle lui avait donné. Il souriait, satisfait de ce regain d’énergie. Le dragon se retourna vers la démone, continuant de sourire. Il tourna autour comme s’il avait à faire à une créature curieuse ou à une proie, l’observant de bas en haut. Il finit par s’arrêter devant elle pour la regarder et lui lâcha:

Pour une démone, j’avoue que tu as une très jolie apparence humaine! Peut-être me seras-tu réellement utile!

Le renégat fit encore une fois le tour de la jeune femme, passant une main sur son épaule puis dans ses cheveux. Il ajouta quelques instants après:

Une démone dans ses rangs, ça ne se refuse pas! Mais il y a quelque chose de dérangeant! Si tu tiens toujours à travailler pour moi, je tiens au moins à savoir tes aptitudes! Cette potion est impressionnante et j’imagine que les autres le sont aussi, mais je n’en suis pas satisfait! Quelles sont tes forces chère petite démone?

Zaleth revint se placer devant elle, attendant avec impatience sa réponse.

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