En pleine forêt...(pv Rur Darken)

Je regardais la biche. Inconsciente de ma présence, elle mangeait tranquillement l'herbe verte de la prairie sous les premiers rayons de soleil du matin.
L'herbe brillait comme si des milliers de diamants avaient été disposés dans la prairie juste avant le lever du jour.
Perchée en haut d'un arbre, cachée dans l'ombre des feuillages, je ne quittais des yeux ma proie. J'étais accroupie sur une branche, tous mes sens en appels, les muscles tendus, attendant que je me décide à bondir.
Une légère brise se leva, m'enveloppant du parfum de l'animal. Je réprimais une grimace, me contentant de froncer le nez.
L'odeur du sang animal n'était pas vraiment alléchante, loin de là, mais pour y être déjà venue, il n'y avait pas une gamme de choix importante dans la région... Les humains avaient établis leurs villages dans la vallée, pas dans la forêt qui montait sur les montagnes.
De plus, j'étais assoiffée depuis plus d'une semaine.
Alléchante où non, cette biche était mon seul repas. Je me répugnais à devoir faire ça mais je n'avais pas le choix. Cette biche, pâle et innocente allait rendre son âme aujourd'hui.

Ma gorge était serrée et me faisait mal tant la soif était importante. Mes muscles se tendaient sur mes os et le venin commença à affluer dans ma bouche. Un grondement, animal, s'éleva du fond de ma gorge. Mes yeux, avides, ne pouvaient se détacher de l'animal et je passais ma langue sur mes canines pointues.
Trop tard.
Impossible de faire marche arrière. La machine était en marche.
Je m'accroupie plus sur la pointe de mes pieds et bondis.

La biche ne se rendit compte de ma présence que lorsque mes crocs s'enfoncèrent, avides, dans sa chair. L'animal rua, se débattant pour tenter de m’échapper.
Erreur.
Elle allait encore plus souffrir. Je plaquais violement mes mains contre le flan de la biche et la basculait à terre afin de calmer ses mouvements inutiles de fuite. Je mordis de nouveau, le sang chaud coulant dans ma gorge, apaisant le feu de ma soif.
Peu à peu, les soubresauts de l’animal se calmèrent. Sous mes doigts, son cœur battait moins fort, plus lentement. La vie la quittait.
Je ne voulais pas tuer la biche, au départ. Mais dès que mon regard s'était posé sur elle, mon intention avait disparue. Je la vidais donc de son sang pour tarir complètement ma soif.
Un rayon de soleil effleura ma peau blanche; ça piquait. Je relâchais mon emprise autour du cou de la biche qui ne bougeait plus. Inerte sur le sol, son œil fixant le fantôme de son dernier instant…
Je me relevais prestement et m'éloignais le plus vite possible du cadavre, le laissant aux bons soins des corbeaux.

Je m'abritais sous les arbres. A l'ombre. Dans les ténèbres. Le seul royaume que je n'aurai jamais.
Je regardais ma victime et poussais un triste soupir. Baissant les yeux sur mes vêtements, je remarquais qu'ils étaient tâchés de sang. Je portais ma main à mes lèvres, la retirai.
Du sang coulait sur mes doigts.
Je secouais la tête. Je détestais être dans cet était et je refusais que l'on me voit ainsi, sauvage. Animale.
J'étais calme d'ordinaire, timide, réservée. Je supposais que j'avais été ainsi dans mon ancienne vie. Mais dès qu'une odeur de sans se faisait sentir, mon bel esprit s'envolait, laissant place aux émotions et aux comportement de ma vraie nature. Ceux d’un vampire.
Je levant les yeux vers les feuillages des arbres. Quelques rayons de soleil passaient au travers, parsemant ma peau de plusieurs ronds lumineux. Je n'avais pas mal. La lueur était trop faible.
Je restais donc là, sous la faible lumière, fixant un point invisible au delà du cadavre de la biche qui avait attiré une foule de corbeaux.

J'attendais. Minuit était parie chasser quelques rongeurs et volatiles de son côté, répugnant la chair des biches. Elle n'allait pas tarder.
Immobile, pareille à une statue de marbre au beau milieu de la forêt, je laissais le sang perler au coin de mes lèvres, mes longs cheveux bruns s'agitant dans mon dos sous la brise matinale.
Les corbeaux dévoraient la biche.
Personne. Personne ne se rendrait compte que ce n'était pas ces volatiles qui lui n’avaient ôtés la vie.
Je baissais les yeux, ne pouvant en supporter d'avantage, et enroulais mes bras autour de moi.

Bruissement dans les feuilles. Je ne bougeais pas mais devinais sans mal que j'étais observée. Restait à savoir qui... ou quoi.
La brise se leva m'apportant un parfum, un autre parfum que celui de la biche morte. Sucré et sauvage... Un mélange que je n'avais jamais rencontré mais qui pour autant m'était familier. Ma conscience d'humaine disparue, immédiatement replacée par celle d'un vampire.
Craquement de branche. Je souris, les yeux rivés sur les corbeaux.
Il n'y avait qu'un seul être qui pouvait faire ce genre de maladresse.
Un humain.

Un humain qui avait une odeur vraiment alléchante. Mes muscles se tendirent et ma gorge se remit à brûler. Malgré tout, je gardais un sourire attaché aux lèvres. C'était mon jour de chance ! Je sentis la présence de l'humain se stabilisé, son odeur flottant dans l'air.
Je sentis une autre présence autour de moi. Celle ci, je l'aurai reconnue entre mille. Un animal. Un animal à quatre pattes, aux pelages noir soyeux et doux et aux crocs acérés.
Quand Minuit entre dans mon champ de vision, je tournais la tête dans sa direction en lui souriant.

Tu as bien chassé ? lui demandai-je en me baissant, un bras tendu vers elle.

Minuit toucha mes doigts de sa tête en ronronnant. Je la gratouillait entre les oreilles puis tendis mon bras devant elle en une invitation irrésistible. Mon amie monta le long de mon avant bras et vint se loger autour de mon cou, sa queue caressant ma joue.

Oui, le rat était succulent ! Et la tienne ?

Je souris et me concentrai de nouveau sur la présence humaine. Elle n'avait pas bougé. Je tournais la tête dans sa direction. Les pas se précipitèrent aussitôt. Une course ? Je ris doucement, éveillant la curiosité de Minuit. Pauvre humain, il avait déjà perdu.

Elle n'est pas encore finie, répondis-je en me faufilant entre les arbres alors que Minuit sautait à terre pour mieux progresser dans la forêt.

Plus j'avançais, plus l'odeur me parvenait, alléchante. J'émis un faible grognement du fond de ma gorge. J'entendis Minuit faire de même et j'accélérais. Les bruits de course de l'humain devenaient moins réguliers, je perçus son souffle saccadé. Il perdait ses forces. Un sourire de satisfaction se dessina sur mes lèvres.
Il y eu soudain un bruit. Quelque chose que je n'avais pas prévu. J'entendis un corps s'étaler sur les feuilles mortes qui craquaient sous son poids. Je stoppais ma progression, les cheveux voletant et ébouriffés, et jetais un coup d'oeil à mon amie qui paraissait aussi déstabilisée que moi. D'un commun accord du regard nous nous dirigeâmes vers la source du bruit qui était survenu.
Ce que je vis alors me fit éclater de rire. Je posais néanmoins une main sur ma bouche pour éviter que mon rire semblable à un tintement de clochettes ne se propage dans la forêt.
L'humain se trouvait sur le sol, dos à terre, un air paniqué peint sur son visage égratiné.
Ma conscience vampire s'envola aussitôt et je redevins moi même. La brûlure dans ma gorge s'effaça. Je me précipitais vers l'humain et m'agenouillais à ses côtés. Il était toujours paniqué. Je savais pourquoi.

-Euh... bonjour, heureux de vous rencontrer. Je m'appelle Rur Darken, excusez moi de vous avoir dérangé, ce n'était pas mon intention...

Je secouais la tête et souris de nouveau. Un sourire amical cette fois ci. Minuit vint se percher sur mon épaule, examinant l'homme de ses yeux turquoises.

Bonjour Rur Darken, dis -je. Je me nomme Misao, vampire. Et voici mon amie Minuit, ajoutais-je en penchant la tête vers mon amie. Ne vous inquiétez pas, vous ne m'avez pas dérangé.

Inutile de lui dire qu'en s'écrasant sur cet abre, il avait soudainement interrompu ma seconde chasse dont il était la cible. Je décidais donc de changer de sujet.

Mais, que faites vous dans une forêt comme celle ci ?

L'humain me regarda, étonné. Je pouvais comprendre. Je commençais à m'habituer aux regards étranges et perturbés qu'on me lançais. Il était rare de tomber sur une vampire de mon type, je le concevais. J'avais presque un comportement humain.
Mais une odeur attirante vint briser toutes mes réflexions. Les fragrances étaient douces, sucrées et pourtant épicées. Je me retins de passer ma langue sur mes canines, ça aurait pu perturber encore plus l'humain que j'avais devant moi.
L'humain...
Baissant mes prunelles sur Rur Darken, je remarquais alors qu'il s'était blessé à la tempe. Un filet de sang s'échappait de sa blessure mais il ne semblait pas s'en être rendu compte. Pourtant, sa chute de tout à l'heure aurait dû l'alarmer. Peut être la panique ou la peur de se faire mordre par un vampire avait prit le dessus... Minuit monta sur mon épaule en marmonnant dans ses moustaches mais je n'y prêtais pas attention,ramassant un feuille sur le sol encore mouillé par la rosée.
Revenant près de fur, je m'agenouillais pour me trouver à sa hauteur, et pressais la feuille contre sa tempe pour éviter que je sang ne s'échappe plus.

Et bien, Rur, vous devriez être plus prudent durant vos promenades, dis-je en lui adressant un sourire. L'arbre que vous venez de rencontrer vous a laissé un joli souvenir.

Pour justifier mes paroles, je lui montrait la feuille tachée de sang. Il ne parut pas s'en occuper car il enchaine de suite, me flattant sur ma beauté.
Quelque peu surprise par ces paroles, je souris de nouveau. Il n'y avait que les humains pour dire des choses pareilles en compagnie d'un vampire. Un dernier moyen d'éviter la mort, j'imagine.
Fort heureusement pour lui, son odeur ne me dérangeait pas et je n'avais pas soif.

Je vous remercie, répondis-je en regardant l'humain. Mais vous savez, les cratères comme moi sont toutes d'une beauté incroyable pour attirer leurs proies.

Je me mit à rire doucement et je l'aidais à se remettre sur pieds. Avec le coup qu'il s'était prit, il ne devait sûrement plus marcher droit. Minuit tourna autour de mes jambes, observant silencieusement l'humain. D'un simple regard, je lui fit comprendre que je me passerai de commentaires pour cette fois ci.
Une fois que je m'eu assurée que fur pouvait tenir debout, je regardais de tous les côtés.

Où vous rendez vous ? m'enquis-je gentiment. Si cela ne vous ennuie pas, j'aimerai vous accompagner. Apparement, les arbres ont un petit faible pour vous...